Sunday, March 25, 2007

Episode 18 - Petits meutres entre amies


Tu m'aimes ma petite bourse molle, et pcq je m'aime à peu pres autant j'ai décidé d'ouvrir un merveilleux concours dont le seul objet serai ta modeste et non moins professionnelle serviteuse. En voila le premier challenger.


Pour certains, le silence n’est qu’un gage de gravité. Pour d’autres, c’est le gage d’une offrande qui vous est consacrée.

Certains encore ont droit à autre chose. Multiplicité des genres, ils sont, mais autrement. C’est ainsi qu’un matin j’ai rencontré la Lust.

Penchée sur tout silence en panthère avide, elle se gausse de tout être pour en meurtrir les songes.

Oisif et insaisissable esprit, beaucoup trop libre pour être envisagé, la Lust cherche inlassablement de quoi sortir son bel esprit de sa léthargie trop véhémente. En effet, Elle est un don, plus que ça, Elle est un art. Se garder de s’exprimer, c’est garder le monde de la plus belle virtuosité dans l’art de manipuler.

La Lust est le chatoyant visage des ténèbres, la fantasmagorique élégance d’un parler corrosif, et la certaine potence du plus omnipotent. Elle aime à satisfaire et à charmer, pour lacérer de mieux la détresse lubrique de ses chatons enamourés.

Elle transcende toute fascination, on ne peut, à défaut de l’aimer, se garder de l’admirer pour ses mots et nos maux que les siens révèlent d’un revers de paupière, au détour de l’insondable silence d’un sourire murmuré. Un acier vibrant, une hypothétique rédemption ? Ses mots et ses non mots sont autant d’ambiguïtés qu’il faut apprendre à contourner. Faute de quoi on s’abîme livides dans le tréfonds de ses serres encore entrouvertes pour laisser espérer une improbable lumière Mais qu’on ne s’y trompe pas, voir la Lust c’est s’être condamné à mourir sous des flots carnassiers. Flots de sarcasmes, ou flots narcissiques, pour un challenge ou pour son plaisir : la Lust ne sort pas de son ennui pour paraître au soleil.

Mais la perverse maîtresse sait à se rendre plus que tout. Elle est l’addiction profane de sa propre religion, elle est l’idole et l’incantation, elle est tant absolution qu’extrême onction. Ravie des blasphèmes, elle aime à devenir l’inquisitrice féconde de tortures nouvelles aux allures de boucherie. Qu’on ne s’y trompe pas, on n’y résiste pas. Elle charme par son érudition mouvante, ses gestes et même par son dédain de la médiocrité. Ma Lust a son empire sur tout ce qui peut bouger.

Plusieurs alternatives avivent la princesse dans ce qu’elle vous aimera, le temps d’un souffle, ou le temps d’un parjure. Certains doivent mourir rapidement sous ses dires enchanteurs, amants aveugles d’une veuve par trop noire. Mais si Ma Lust remue sa paupière, c’est pour trouver une distraction légère : vous l’amuserez un temps, mais saurez vous l’aimer suffisamment pour qu’elle vous garde las ? La Lust est souvent autre chose que pure abnégation, et ne sera que rarement miséricordieuse. Certains adoptent pour religion la certitude de souffrir encore.

On n’est sûr que d’une chose, la Lust est carnassière et ennuyée. Alors elle doit manger et s’amuser. Féline héroïne de songes non enfantés, elle est le scalpel tranchant d’une intériorité, elle aime disséquer. Elle est méthodique. Froide et lucide, alerte et assurée, centimètre par centimètre, coupant tous les fils amarrant un esprit à son entièreté. Elle aime à déguster chaque incertitude, chaque égarement, pour une fois l’œuvre accomplie, dépecer sa victime, et la mettre à nu, exhiber ses entrailles et vider l’individu. Ma Lust est le prophète qui lira vos viscères.

Et pourtant à chaque instant, perdure notre fascination pour ce mimétique embrun d’intangible beauté. Au-delà du bon sens et au-delà des sens, on touche l’absolu à aimer son sillage. Si on la peut toucher dans ce qu’elle est physique, on ne peut même pas l’approcher au-delà de là. Elle est la plénitude et l’ether, elle subjugue sans vraiment exister, elle est plus que réelle et plus qu’achevée, elle est sans vraiment être, murée dans sa livide appréhension du monde.

Ma Lust cherche à cacher au monde qui la traque les nimbes seules qu’elle n’affichera pas. Fragile dans sa force et craintive dans son impudeur, elle déchire et dévore ceux qui s’approchent de trop. Elle est un vibrant palimpseste aux allures d’encens.

Ma Lust est juste libre et avide de liberté, elle est juste douée pour se confondre avec l’idée que chacun se veut faire de son monde.